Salutations aux explorateurs de la psyché, précurseurs du progrès de la pensée.
extrait de "Lettres à un Jeune Poète" - Maria Rainer Rilke
<<…Dites vos tristesses et vos désirs, les pensées qui vous viennent, votre foi en une beauté. Dites tout cela avec une sincérité intime, tranquille et humble. Utilisez pour vous exprimer les choses qui vous entourent, les images de vos songes, les objets de vos souvenirs. Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l’accusez pas. Accusez-vous vous-même de ne pas être assez poète pour appeler à vous ses richesses. Pour le créateur rien n’est pauvre, il n’est pas de lieux pauvres, indifférents...>>.
extrait de "La vagabonde" - Colette
<<… j'écris, avec une abondance, une liberté inexplicables. J'écris sur des guéridons boiteux, assise de biais sur des chaises trop hautes, j’écris, un pied chaussé et l’autre nu…>>…<<… j’écris devant la fenêtre qui encadre un fond de cour, ou les plus délicieux jardins, ou des montagnes vaporeuses… Je me sens chez moi, parmi ce désordre de campement, ce n’importe où et ce n’importe comment,…>>...
extrait de "Ecrire" - Marguerite Duras
<<Écrire. Je ne peux pas.>>...<<Personne ne peut.>>...<< Il faut le dire, on ne peut pas, on écrit >>...<< C’est l’inconnu qu’on porte en soi écrire, c’est ça qui est atteint. C’est ça ou rien.>>...<<L’écriture c’est l’inconnu. Avant d’écrire, on ne sait rien de ce qu’on va écrire. Et en toute lucidité. C’est l’inconnu de soi, de sa tête, de son corps. Ce n’est même pas une réflexion, écrire, c’est une sorte de faculté qu’on a à côté de sa personne, parallèlement à elle-même, d’une autre personne qui apparaît et qui avance, invisible, douée de pensée, de colère, et qui quelquefois, de son propre fait, est en danger d’en perdre la vie. >>... ...<<Le doute, c'est écrire.>>...<<Écrire c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit.>>...<<L’écrit ça arrive comme le vent, c’est nu, c’est de l’encre, c’est l’écrit et ça passe comme rien d’autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie.>>
Extrait de "Avec mon meilleur souvenir" – Françoise Sagan
...<<...je découvris que l’être humain qui remplaçait Dieu, ou qui ne le remplaçait pas, qui était fiable ou ne valait rien, qui n’était que poussière et dont la conscience englobait tout, je découvris que cet être humain était mon seul gibier, le seul qui m’intéressât, le seul que je n’arriverais jamais à rattraper, mais que je croirais frôler, peut-être, parfois, dans un de ces grands moments de bonheur que donne la faculté d’écrire.
Je découvris aussi en lisant Proust, en découvrant cette superbe folie d’écrire, cette passion incontrôlable et toujours contrôlée, je découvris qu’écrire n’était pas un vain mot, que ce n’était pas facile ,...>>...<<J’appris donc, aussi, avec Proust, la difficulté et le sens des hiérarchies dans ma passion. J’appris tout d’ailleurs, par Proust. >>...